Une “icône féministe” pour le New York Times, “l’égérie des femmes au foyer malheureuses” pour Sixth Tone… Lorsqu’elle a pris la route le 23 septembre 2020, Su Min était loin d’imaginer que son aventure aurait un tel retentissement dans la presse internationale. À 56 ans, cette ouvrière à la retraite de la province chinoise du Henan, au centre de la Chine, a décidé de tout quitter pour partir en road trip. Elle arpente le pays depuis plus d’un an, dort seule dans une tente de toit installée sur sa voiture et filme son voyage.
“En Chine, on considère traditionnellement que la femme doit avant tout s’occuper de son mari”, explique-t-elle dans le portrait vidéo que lui consacre The Guardian, traduit et sous-titré par Courrier international. “Très vite, il faut assumer les rôles de fille, de mère, de belle fille et d’épouse. Mais vous ne pouvez pas être vous-même”.
Or Su Min n’était pas heureuse avec son époux. “Mon mariage s’est fait de manière précipitée, raconte-t-elle. Ce n’est qu’une fois mariés que nous avons compris que nos idées et nos goûts nous éloignaient l’un de l’autre. On ne pouvait pas s’entendre. On s’est mis à se disputer, parfois jusqu’à en venir aux mains et tomber dans la violence. » Aujourd’hui, elle considère cette première moitié de sa vie comme “un prix à payer” : “car si je n’avais pas vécu tout cela, il n’y aurait pas eu cette deuxième partie de ma vie, et ça ne m’aurait pas décidée à prendre la route”.