Aujourd’hui, le sexe est partout. Il s’affiche dans les rues et les publicités et on utilise le plaisir pour nous vendre tout et n’importe quoi. Une brosse à dents, un steak haché ou une éponge, tout est prétexte à la bagatelle. Il n’y a qu’à voir les catalogues de vente par correspondance, où les mannequins prennent des poses lascives et aguicheuses pas forcément appropriées. Et pourtant, dans ce monde où on ne parle que de plaisir, certaines personnes revendiquent haut et fort leur totale absence de désir sexuel : l’asexualité.
L’asexualité plus présente qu’on ne le pense
Alors que la plupart d’entre eux croyaient être des cas isolés, internet leur a donné la possibilité de découvrir qu’en fait, ils étaient loin d’être seuls. Depuis 2002, des forums se sont créés et les asexuels – comme ils se définissent eux-mêmes – découvrent que d’autres personnes vivent la même chose qu’eux. C’est près de 3% de la population qui seraient concernés.
Une véritable renaissance pour de nombreuses personnes membres de ces forums. En effet, alors qu’on nous assène du soir au matin qu’une vie heureuse passe par une sexualité épanouie et surtout bien remplie, les asexuels sont nombreux à penser qu’ils sont anormaux. Afin de comprendre d’où leur vient cette absence de libido, ils consultent médecins, psychologues et sexologues, parfois pendant plusieurs années, mais leur vie sexuelle n’en devient pas pour autant plus trépidante.
Afin d’être dans la norme, de nombreux asexuels ont déjà eu une vie sexuelle. Ils s’y sont contraints mais l’acte sexuel en lui-même est pour eux une véritable corvée. Ils n’en ont pas envie. L’amour physique ne leur exprime que de l’indifférence voire de la répulsion.
En sont-ils pour autant malheureux ? Justement non, et c’est cela qui leur permet d’affirmer qu’ils ne souffrent d’aucun mal, d’aucun traumatisme qui pourrait être responsable de cette absence de libido. Les asexuels revendiquent leur différence et ils n’en recherchent pas l’explication. Ils sont comme ça, un point c’est tout.
Un problème sous-jacent ?
A ce sujet, tous les médecins ne sont d’ailleurs pas d’accord. Ils avancent l’existence d’un problème sous-jacent qui causerait cette asexualité. Certains parlent d’un traumatisme durant l’enfance, d’autres de carences affectives. Les asexuels, eux, clament qu’il doit y avoir autant d’enfants traumatisés chez les personnes dont la libido existe. Il n’y a donc pas d’explications à chercher ici.
D’autant que l’absence de désir sexuel pour une autre personne n’exclut pas forcément la masturbation. Celle-ci peut suffire à satisfaire pleinement sexuellement une personne asexuelle. D’autres asexuels n’y auront même pas recours, mais leur vie n’en sera pas moins heureuse pour autant.
L’asexualité est un aussi un état d’esprit. Une façon pour ceux qui n’ont pas de désir sexuel de se libérer de cette pression médiatique qui tente de convaincre chacun d’entre nous qu’une vie sexuelle active est nécessaire pour être heureux. En se regroupant sur les forums et en osant revendiquer leur différence, les asexuels peuvent justement enfin mener une vie heureuse où ils ne se sentent plus obligés de se contraindre à une vie sexuelle, dans le seul but d’être dans la norme.
Seules ombres au tableau de l’asexualité : les enfants et le couple
En effet, une personne asexuelle peut comme n’importe qui d’autre exprimer le désir d’enfant. L’absence de désir ne simplifie certes pas la tâche mais une relation sexuelle reste néanmoins possible. Et une fécondation in vitro reste toujours possible.
Pour ce qui est du couple et l’asexualité, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes lorsque le couple est constitué de deux personnes asexuelles, qui trouvent leur bonheur dans la simple relation amoureuse et platonique. Car être asexuel ne signifie pas ne pas pouvoir tomber amoureux. Là où les choses se compliquent c’est lorsque l’un des membres du couple est asexuel alors que l’autre ne l’est pas. Difficile alors de trouver un équilibre et le couple, après bien des passages chez le sexologue, risque malheureusement de se séparer.
C’est pour cette raison que de nombreux asexuels qui s’affirment sont aujourd’hui célibataires. Mais ils se sentent avant tout libérés et libres de mener l’existence qu’ils désirent…